
Alors que le Paris Saint-Germain traverse une saison décisive sur le plan sportif, un autre front, plus discret mais tout aussi brûlant, pourrait sérieusement compromettre son avenir immédiat en Europe. Le club de la capitale est en effet empêtré dans un litige financier avec Kylian Mbappé, son ancien joueur vedette, désormais au Real Madrid. Ce différend, d’une ampleur inédite, pourrait entraîner des conséquences lourdes : une possible exclusion de la prochaine édition de la Ligue des champions par l’UEFA. Décryptage d’un affrontement à la fois juridique, économique et stratégique.
Une dette colossale : plus de 55 millions d’euros en jeu
Tout commence avec le départ de Kylian Mbappé à l’issue de son contrat en juin 2024. Si la séparation semblait inévitable après plusieurs mois de tensions, elle a laissé derrière elle une ardoise très lourde. Le joueur réclame aujourd’hui 55,4 millions d’euros à son ancien club, correspondant à des salaires, une prime de fidélité, et divers bonus qui, selon lui, n’ont pas été versés entre avril et juin 2024. Le PSG, de son côté, soutient que ces montants ne sont plus dus, s’appuyant sur un accord verbal selon lequel Mbappé aurait accepté de renoncer à ces sommes pour faciliter son départ libre.
Ce désaccord a rapidement débordé le cadre privé. Mbappé, via son avocate Delphine Verheyden, a saisi la Ligue de football professionnel (LFP) qui, dans deux décisions distinctes rendues en septembre et octobre 2024, a donné raison au joueur. La LFP a ainsi ordonné au PSG de payer l’intégralité des sommes réclamées. Mais loin de s’y soumettre, le club a saisi les prud’hommes pour contester ces décisions, estimant qu’il existe un flou contractuel suffisant pour légitimer son refus.
Les règles strictes de l’UEFA et une menace réelle d’exclusion
Ce litige dépasse aujourd’hui les frontières du football français pour atteindre l’enceinte de l’UEFA. L’instance européenne impose en effet des critères stricts pour la délivrance des licences de participation aux compétitions continentales. L’un de ces critères, bien connu des clubs, stipule qu’aucune dette envers des joueurs ou employés ne doit subsister à trois dates clés : le 15 juillet, le 15 octobre et le 15 janvier de chaque saison.
Le PSG se retrouve ainsi dans une position délicate. S’il reconnaît cette créance dans les documents transmis à l’UEFA — comme l’exige la transparence financière du fair-play européen — il tente aussi d’en atténuer la portée juridique, en mettant en avant les recours en cours et les incertitudes juridiques entourant le dossier. Du côté de Mbappé, la stratégie est claire : faire pression sur le club en sollicitant l’intervention de la Fédération française de football (FFF), afin que celle-ci informe l’UEFA officiellement de cette situation de dette. Une telle démarche, si elle venait à être confirmée, pourrait forcer l’UEFA à se positionner plus fermement.
Une FFF prudente, une UEFA dans l’attente
Pour l’instant, la Fédération française de football n’a pas encore transmis le dossier à l’UEFA. Elle justifie cette retenue par le fait que les procédures judiciaires engagées par le PSG n’ont pas encore été tranchées. En clair, tant que les prud’hommes n’ont pas rendu leur jugement définitif, la FFF considère que la créance est contestée et que le club parisien peut bénéficier de la présomption de bonne foi.
L’UEFA, de son côté, observe attentivement l’évolution du dossier sans prendre de décision hâtive. L’organisation basée à Nyon est réputée pour sa prudence en matière disciplinaire, surtout lorsqu’un différend n’a pas encore été tranché par une juridiction compétente. Toutefois, l’inscription du PSG à la prochaine Ligue des champions pourrait être suspendue à une décision rapide des autorités sportives ou judiciaires françaises, ce qui rend la situation extrêmement tendue pour le club.
Une image ternie et des répercussions à long terme
Même si le PSG parvient à éviter une exclusion, cette affaire laisse déjà des traces profondes. Sur le plan de la gouvernance, elle révèle une gestion contractuelle peu rigoureuse, voire improvisée, dans un contexte de relations tendues entre le club et son joueur phare. L’image du club en pâtit, d’autant plus que l’UEFA, les sponsors et les investisseurs scrutent de près le respect des engagements financiers et la stabilité institutionnelle des clubs engagés en Ligue des champions.
Sur le plan sportif, une non-participation à la Ligue des champions serait un véritable tremblement de terre. Elle priverait le PSG d’une vitrine médiatique mondiale, d’une source majeure de revenus, et pourrait même remettre en question le maintien de certains joueurs dans l’effectif. Le projet du club, axé sur une ambition européenne assumée, en sortirait considérablement affaibli.
Conclusion
Le conflit entre Kylian Mbappé et le Paris Saint-Germain dépasse largement la simple querelle salariale. Il s’agit d’un affrontement de principes, de stratégies et de pouvoir entre un joueur influent et une institution du football européen. À travers ce litige, c’est aussi l’intégrité financière des clubs, le respect des engagements contractuels et la rigueur des règlements européens qui sont en jeu. Dans un football de plus en plus surveillé, l’affaire PSG-Mbappé pourrait bien faire jurisprudence. En attendant, le club parisien joue gros, très gros.