Le 20 février 2008 reste une date gravée dans les mémoires des supporters lyonnais. Ce soir-là, au stade de Gerland, un jeune attaquant de 20 ans nommé Karim Benzema, encore inconnu du grand public à l’échelle internationale, éclaboussait de son talent l’une des plus grandes équipes européennes : Manchester United. Dix-sept ans plus tard, l’actuel joueur d’Al-Ittihad revient avec émotion sur ce moment fondateur de sa carrière, symbole d’une époque dorée pour l’Olympique Lyonnais.
Une Nuit Européenne Chargée d’Histoire
À l’époque, Lyon domine sans partage le football français mais peine encore à franchir un véritable cap sur la scène européenne. Opposé à une équipe de Manchester United qui aligne Cristiano Ronaldo, Wayne Rooney, Ryan Giggs, Paul Scholes, ou encore les redoutables défenseurs Nemanja Vidić et Rio Ferdinand, l’OL ne part pas favori dans ce huitième de finale aller de Ligue des Champions.
Le match est équilibré, tendu. À la 54e minute, une lueur surgit. Karim Benzema reçoit un ballon de Jérémy Toulalan à l’entrée de la surface. En une touche, il enchaîne un contrôle orienté du pied droit puis frappe du gauche, à ras de terre, surprenant Van der Sar. Le ballon file dans le petit filet. Un éclair de génie. Le public de Gerland explose.
Benzema Raconte : “C’est Comme si C’était Hier”
Aujourd’hui, Benzema raconte ce but avec une précision intacte. « J’ai contrôlé et frappé sans trop réfléchir, tout allait très vite. Ce sont des gestes que j’ai souvent répétés à l’entraînement, et ça a payé ce soir-là », confie-t-il. Ce moment représente, pour lui, un tournant. Ce n’est pas seulement un but en Ligue des Champions, c’est une déclaration : Benzema entre dans la cour des grands.
Le joueur évoque aussi la densité physique de la défense mancunienne : « Face à Vidić et Ferdinand, tu n’as pas le droit à une seconde d’hésitation. Il faut aller vite, être précis. » Ce réalisme implacable, Benzema en fera une marque de fabrique tout au long de sa carrière.
L’Héritage de Ronaldo “El Fenomeno”
S’il y a un joueur qui a inspiré Benzema dans ses gestes et sa manière de jouer, c’est Ronaldo Nazário. “El Fenomeno”, comme l’appelle affectueusement Benzema, a été un modèle, une référence. « Je regardais ses vidéos en boucle. J’apprenais de lui : les déplacements, les frappes, l’instinct », explique-t-il. Et ce but contre Manchester en est un écho : spontané, tranchant, efficace. Comme le faisaient les grands.
Témoignages de l’Époque : Une Précocité Déjà Éblouissante
Juninho, maître à jouer du milieu lyonnais et capitaine à l’époque, se souvient parfaitement de l’action : « Ce but-là, peu de joueurs peuvent le mettre. C’est une frappe rapide, dans un angle fermé, et face à une défense de classe mondiale. Il n’a pas tremblé une seconde. » Le Brésilien voit en Benzema un joueur “de la trempe des Ronaldo et des plus grands”, déjà à cette époque.
François Clerc, également titulaire ce soir-là, renchérit : « Il n’avait que 20 ans, mais il jouait comme un vieux briscard. Ce n’était pas un hasard, il savait exactement ce qu’il faisait. »
Un Match Symbolique, un Destin Tracé
L’égalisation tardive de Carlos Tévez à la 87e minute (1-1) n’éclipsera jamais le souvenir du but de Benzema. Ce match fut un véritable révélateur pour le monde du football. Quelques mois plus tard, Benzema affolera les compteurs en Ligue 1, avant de s’envoler en 2009 pour le Real Madrid, où il écrira l’un des chapitres les plus glorieux de sa carrière.
En revenant sur ce match, Benzema ne se contente pas de raconter une anecdote. Il revisite l’instant où tout a basculé. Celui où un jeune gone est devenu, aux yeux de l’Europe, un attaquant de classe mondiale.